
« Compté de Lancaster, début avril 1612. » Ce sont les premiers mots du roman, le décor est posé. Nous sommes dans l’Angleterre d’il y a quatre siècles, gouvernée par un roi puissant qui déteste les catholiques – autant que les sorcières...
L’incroyable destin d’une riche Anglaise en 1612
Fleetwood est une jeune châtelaine qui vit avec son époux Richard dans un splendide manoir, Gawthorpe. Ils ont réellement existé, et le manoir aussi – c’est aujourd’hui un monument classé ouvert à la visite. Un véritable palace, avec ses écuries et ses dépendances… Fleetwood elle-même ne sait pas combien sa propre demeure comporte de pièces. Si elle possède des terres dont elle ignore l’étendue, si elle porte des mules roses en soie, Fleetwood est loin d’être une princesse oisive qui se prélasse dans son château.
Jeune, un peu rebelle, elle n’écoute ni les conseils de sa mère, ni ceux de ses belles-sœurs, ni ceux de Katherine, sa noble voisine : « Fleetwood, vous devez vous consacrer à la famille, à votre rôle d’épouse. Les gens parlent, vous savez »… Comment une jeune fille entièrement dépendante de son mari peut-elle exister autrement ? La question se pose tout au long de ce roman féministe, à une époque où la femme est, au mieux, une appétissante dinde de Noël. Fleetwood va pourtant jouer des coudes et tout faire pour trouver sa place de femme dans un monde d’hommes.
Au cœur du roman de Stacey Halls, une grossesse pleine de rebondissements
Ce roman, c’est l’histoire d’une jeune fille de 17 ans qui s’apprête à devenir mère. Le début du roman coïncide avec le début de sa grossesse, et ne s’achèvera qu’à son terme. Entre les deux, une seule question tourmente l’héroïne, et le lecteur. Après trois fausses couches, la jeune femme va-t-elle réussir enfanter ?
Cette grossesse est lourde de conséquences pour Fleetwood. La jeune femme a épousé un riche noble de province, elle vit confortablement dans un château, mais tout cela a un prix. Elle DOIT donner à son mari Richard un héritier. Autrement dit, mettre au monde un petit d’homme. Sous peine d’être répudiée, bannie ou, pire encore… remplacer.
« Enceinte et jusqu’à son terme, la jeune héroïne mène l’enquête, bat la campagne et se lance dans d’improbables chevauchées à travers le Lancashire. »
Fleetwood ne se contente pas d’attendre sagement, neuf mois durant, la délivrance. Non, elle se met en quête d’une sage-femme, elle bat la campagne, elle se lance dans d’improbables chevauchées à travers le Lancashire, elle mène l’enquête… Nous voilà embarqués dans de folles aventures où les rebondissements se succèdent. On est loin, très loin, de l’image d’Épinal où la femme enceinte, alitée, attend sagement le divin enfant.
Les Sorcières de Pendle, un roman d’aventures féministe
En toile de fond du roman, le Lancaster (qui correspond à l’actuel Lancashire, au nord de Liverpool) de l’époque élisabéthaine. On y croise de riches seigneurs, des domestiques en pagaille, des paysans et des garçons de ferme, des sorcières et des guérisseuses, et pourtant… Au bout du compte, on apprend assez peu de choses sur cette époque fascinante, sur les détails du procès des sorcières qui a véritablement eu lieu, en 1612, et donnent leur nom au roman. Le roman est centré sur son héroïne : ses cauchemars, ses angoisses, ses pérégrinations…
Les Sorcières de Pendle est un roman initiatique hors normes. Au fil des jours et des pages, le ventre de la jeune fille s’arrondit. D’ « épouse-enfant », la jeune femme se prépare à devenir mère. Mais, oubliant l’enfant à naître, c’est surtout à elle qu’elle pense. Et c’est en quête d’amour et de vérité qu’elle se lance. Vaillante, déterminée, prête à tout, elle fait peu à peu la lumière sur tout ceux qui l’entourent : son mari, sa mère, ses belles-sœurs… Le chemin sera pavé d’embûches. Et plein de surprises !
Informations pratiques
Les Sorcières de Pendle, Stacey Halls, Michel Lafon, 399 pages, septembre 2020, 18,95 €.
Article rédigé en partenariat avec la librairie Aux Vieux Livres de Chateaugiron

Chaque semaine, nous nous penchons sur un livre qui nous a marquées. Coup de cœur ou coup de griffe, les Petites Capitales donnent leur avis, parfaitement subjectif, sur l’actualité littéraire !
Laisser un commentaire