Éditeur est un métier qui recouvre une multitude de réalités. Le grand public en a une image idéalisée, qui se représente Thierry Lhermitte dans Le Dîner de cons : un éditeur parisien, snob et cultivé, qui trône au milieu de ses livres dans le bureau d’une prestigieuse maison d’édition, court les cocktails et, tout-puissant, fait la pluie et le beau temps, décidant d’un simple coup de fil du sort d’un auteur. De l’éditeur couteau suisse exécutant des missions variées pour mettre en œuvre un programme éditorial à celui qui établit des auteurs au catalogue, quel que soit son statut, free-lance ou salarié, l’éditeur a un unique objectif : faire des livres ! et les faire bien !

Au moment de la conception de l’ouvrage, le rôle d’un éditeur free-lance
D’une maison d’édition à l’autre, on l’a dit, l’éditeur va jouer un rôle différent. En tant que free-lance, il est à même de jouer le rôle d’apporteur d’affaires. C’est-à-dire qu’il va être force de propositions : faire preuve d’inventivité et solliciter un carnet d’adresses bien rempli. Très concrètement, il imagine un concept de livre. Prenons un exemple et parlons de ce que nous connaissons. À l’origine de J’ai décidé d’être heureux de Stéphane Garnier, un ouvrage de développement personnel paru aux éditions Ideo, nous avons proposé un concept simple : ouvrir des chapitres par des citations autour de différents thèmes (le temps, l’amour, le bonheur, etc.), et laisser carte blanche à l’auteur du best-seller Agir et penser comme un chat afin qu’il donne sa vision, à la fois personnelle et profitable au lecteur, du bonheur. Le rôle de l’éditeur free-lance ? Recruter un, ou plusieurs, auteur(s), éventuellement aussi des illustrateurs, en particulier dans le secteur de l’édition jeunesse, proposer un concept d’ouvrage et naturellement accompagner ledit auteur tout au long de l’écriture. Une fois le manuscrit finalisé, il s’agira ensuite de suivre le projet d’édition. Mais on sollicite là d’autres compétences, celles du chef d’orchestre.
En renfort du graphiste, l’éditeur free-lance intervient sur InDesign
Le suivi d’édition, ou coordination éditoriale, est le cœur de métier de l’éditeur, free-lance ou non. Gérer de front plusieurs projets, en véritable chef d’orchestre, capable de coordonner les différents intervenants, telle est sa mission. Les compétences requises ? Du sang-froid, pour respecter des délais souvent serrés et travailler dans l’urgence, avec des budgets souvent serrés eux aussi ; de la diplomatie, pour négocier avec des auteurs ayant leur sensibilité propre et auxquels il faut parfois rappeler lesdites contraintes de temps et de budget, ou l’importance de modifier tel ou tel aspect du livre ; le sens du travail en équipe. En effet, l’éditeur free-lance peut être amené à intervenir directement dans la maquette. En ce sens, son travail se fait en concertation étroite avec le graphiste, ou maquettiste. Le plus souvent, il intègre lui-même les corrections de texte, ce qui évite des allers-retours parfois chronoghages. Parfois même il touche à la maquette, rectifiant ici une couleur, là une lettrine ou un encadré. La polyvalence est de mise !
L’éditeur est aussi relecteur correcteur, parfois même iconographe
On le voit, l’éditeur intervient à chaque étape de la réalisation du livre. En free-lance, il peut n’intervenir que partiellement : au moment de la préparation de copies par exemple. Ou encore pour se charger des recherches iconographiques ou de la relecture des épreuves. En matière de relecture-correction, il maîtrise parfaitement sa langue maternelle, et idéalement une ou plusieurs langues étrangères s’il est amené à travailler dans certains secteurs spécifiques (le scolaire, les mangas japonais, etc.). Et naturellement, il connaît par cœur le code ortho-typographique. Certains passent la certification Voltaire, qui atteste en fonction du score obtenu (note sur 1 000) d’un certain niveau d’orthographe. Pour finir, deux mots sur la recherche d’images : autrefois métier à part entière, les missions de l’iconographe sont aujourd’hui, avec la prolifération des banques d’images à bas prix, de plus en plus souvent absorbées par les éditeurs. L’éditeur est ainsi amené à rechercher et/ou choisir l’illustration adéquate, puis à effectuer les démarches administratives qui en découlent, de la demande de droits à l’envoi de justificatifs. Bref, nul doute que l’éditeur free-lance a plusieurs cordes à son arc…
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